4 QUESTIONS A ROMARIC ANDREUX, directeur d'une école de coiffure à Lyon

1. La coiffure en France est l’une des plus réglementées en Europe. Comment devient-on coiffeur ?

Directeur Romaric Andreux

En effet la réglementation de la coiffure est très stricte, et la reconnaissance du métier passe par les diplômes. L’orientation vers la formation de coiffeur se fait en règle générale à l’issue de la troisième. Néanmoins, il n’est pas rare de voir des jeunes bacheliers, ou des adultes en reconversion passer leur diplôme.
Dans un cas comme dans l’autre, tout démarre par le CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle), qui s’obtient en deux ans (un an pour les candidats ayant un diplôme de l’Education Nationale : BAC ou BO, CAP autres métiers, car ils seront dispensés des matières générales).
Le CAP s’obtient soit au sein d’un centre d’apprentissage (alternance à 80% en salon et 20% en cours), soit comme cela est le cas pour notre établissement, en lycée professionnel où la place donnée aux cours est bien plus importante tout en intégrant 12 semaines de stage en salon. C’est le CAP qui confère l’aptitude légale à démarrer le métier de coiffeur.
A l’issue de son CAP, un coiffeur pourra décider de passer un second niveau, le BP (Brevet Professionnel), qui lui prendra deux années supplémentaires. Ce BP, qui se fait en alternance salon / école (80% en salon, 20% en école), consolidera les compétences pratiques du coiffeur, tout en l’enrichissant dans des domaines qui ne sont pas abordés lors du CAP. Il est à noter que tout coiffeur qui souhaite ouvrir son affaire, doit être titulaire du Brevet Professionnel.

2. Vous êtes à la tête d’une importante école de coiffure, et avez à ce titre la responsabilité d’un nombre important d’élèves: quels sont vos défis quotidiens ?
Mon plus grand défi consiste à insuffler les valeurs qui feront de nos élèves de bons professionnels : rigueur au travail (respect des horaires, investissement personnel, tenue vestimentaire), comportement (aptitude à travailler en groupe, à accepter les directives, contact clientèle), patience (prendre le temps d’apprendre avant de pouvoir exécuter).
Notre but est de bien percevoir la personnalité de chaque élève afin de le faire évoluer de manière positive et efficace vers l’obtention de son diplôme.

3. Si vous aviez un conseil à donner à un jeune qui souhaite devenir coiffeur, que lui diriez-vous ?
Il y a de vraies opportunités à devenir coiffeur : d’une part les besoins en personnel sont importants, et d’autre part on ne peut pas s’y ennuyer car le métier est lié à la mode et évolue constamment.
Par ailleurs, et notamment parce que la formation initiale des coiffeurs dans notre pays est très encadrée, il y a une forte notoriété des coiffeurs à l’international, et les opportunités de travailler à l’étranger sont nombreuses.
Mais pour envisager ce métier, mieux vaut posséder une bonne dose de courage, un esprit de service, et avoir le sens du beau. Pratiquer une activité sportive, prendre soin de sa santé seront également de solides atouts car le métier reste physique.

4. La coiffure est l’un des métiers qui requiert le plus de formation continue. Quels types de programmes existent pour les professionnels ?
Nous offrons diverses possibilités pour les professionnels de la coiffure :

• Des formations de type artistique tous les lundi
• Des stages de remise à niveau destinés aux coiffeurs qui ont arrêté le métier pendant quelques temps, ou qui ressentent des faiblesses dans un domaine particulier. Après avoir évalué le niveau du candidat, nous déterminons ses vrais besoins et lui proposons une formation sur mesure. Ces modules sont basés sur de la pratique sur modèles.
• Le CQP (Certificat de Qualification Professionnelle) : il s’agit d’un complément de formation mis en place par la commission paritaire de la formation, destiné à « muscler » ses compétences en gestion et en management. Cette certification s’effectue en un an, au travers de 6 modules spécifiques au métier de responsable de salon, soit 240 heures de formation. A savoir, le CQP est reconnu par la convention collective avenant N°23 et c’est un niveau III dans la grille des diplômes Education Nationale.
• Enfin, nous sommes en train de mettre en place le BTS coiffure, qui sera le plus haut diplôme disponible pour le métier.
  Ce BTS donnera non seulement de sérieuses compétences en management et gestion d’un salon de coiffure, mais permettra également de se diriger plus facilement vers des métiers satellites de la coiffure (du type commercial ou formateur pour des sociétés de produits cosmétiques par exemple).
  Ce diplôme sera ouvert aux détenteurs d’un CAP + Baccalauréat, ou CAP + BP, ou CAP + Brevet de Maîtrise (le Brevet de Maîtrise, BM, est un diplôme mis en place par la Chambre des Métiers, destiné pour l’essentiel aux créateurs d’entreprise).