La coiffure : métier en danger ou en mutation ?

Ce premier semestre 2014, un mouvement important regroupant des coiffeurs a créé le buzz sur les réseaux sociaux. Les agitateurs de conscience entendent lutter contre la vente de produits capillaires professionnels vendus au grand public.
A l’origine un jeune quadragénaire de la région de Mulhouse à la tête de quatre salons haut de gamme prônant le service de beauté globale, Marc Thibault.
Marc Thibault quelle est la cause de toute cette agitation sur les réseaux sociaux jusqu’au ministère de l’artisanat ?

« C’est vraiment un pur hasard que crawlant sur les forums je tombe en février sur une info qui circule précisant que les produits professionnels des quatre fantastiques - c’est ainsi que j’appelle les fournisseurs historiques de la coiffure - se trouvaient répertoriés sur la e.boutique de la …Redoute !
Cela m’a bouleversé ! Souhaitant en savoir plus, je me suis rendu compte de l’ampleur de la commercialisation des produits professionnels aux particuliers et sans aucune stratégie j’ai mis en ligne une pétition à signer pour lutter contre ce phénomène et créer la page facebook Coiffure en danger.
En à peine quatre mois force est de constater que 4900 coiffeurs ont signé cette pétition. Je précise que deux autres points sont abordés : la TVA à 10% pour notre métier de services et la réglementation des ouvertures de salons. »

Réaction tardive ou utopique ?

Il s’avère que le do it yourself est bien ancré depuis une quinzaine d’année. Les ouvertures de boutiques de vente au détail vont bon train telles Shop Coiffure, la Boutique du Coiffeur, Bleu Libellule… qui encouragent le réflexe d’utilisation des produits pro à la maison et ce à des prix très intéressants.
Ce qui développe ce sentiment de concurrence déloyale par les coiffeurs. Ajoutez à cela que même les fournisseurs ont leurs propres boutiques de vente en ligne de «produits exclusifs coiffeurs». De quoi se sentir comme trahis par cette évolution économique mondiale pour ces professionnels qui ont contribué à donner leurs lettres de noblesse à toutes les grandes marques.
L’autre inquiétude relève de la santé publique. Avec cette possibilité d’utiliser des produits classés dangereux par la population. Le dernier point est la remise en question de la légitimité d’une profession et de la reconnaissance/ utilité des diplômes à passer pour ouvrir des salons de coiffure et le droit de manipuler des produits chimiques.
Mais ces coiffeurs en colère n’ont-ils pas tendu le bâton pour se faire battre ? Estimant que la vente ne fait pas partie de leur métier, de leur aptitude, de leur sensibilité artistique? En son temps, le célèbre Jean-Louis David avait le premier constaté que le coiffeur n’était pas un vendeur, n’ayant pas cet engagement et ce réflexe au conseil. Quelques décennies plus tard, après avoir attendu cet éventuel déclic de la revente conseil, de pertinents entrepreneurs ont eu cette bonne intuition de prendre des parts de marché sur le talon d’Achille de toute une profession : la vente conseil…
Il existe néanmoins des avantages à confier sa tête à un professionnel, voir notre encadré !