Le plus beau souvenir de Noël de Jérôme Guézou

C’est dans les années 80 qu’il monte à la capitale pour faire ses preuves dans le groupe "Lucie St Clair" puis le salon indépendant "Jo". Reconnu pour ses talents artistiques et pour son esprit créatif, il intègre l’équipe des ID Artistes, participant à de nombreux shows et défilés. Ambassadeur de la marque l’Oréal Professionnel, c’est avec Sébastien Bafcop, qu’il crée le concept Store «Angel Studio».

Collection ANGEL STUDIO
Photo John Hennequin

Lorsque nous lui avons demandé de nous raconter son plus beau souvenir de Noël, il raconte, ému :

« Je me souviens… J’étais en classe de quatrième, mais je savais depuis bien longtemps déjà que je serai coiffeur.
J'ai donc cherché et trouvé un salon de coiffure où j’avais envie de faire mon apprentissage.
Et pour être sûr d’avoir une place, j’avais proposé mes services les samedis, jours fériés et vacances scolaires...
Je voulais mettre toutes les chances de mon côté, car il est vrai que dans les petites villes de ma Normandie natale, les places étaient rares et très prisées.
Et là, miracle de Noël, le 24 décembre, la propriétaire des lieux a fait appel à moi ! Qu’elle ne fut pas ma joie en apprenant la nouvelle ! Ni une ni deux, je suis allé m’acheter un très beau pantalon de flanelle, une chemise blanche et une cravate.
Puis me voilà parti pour une journée de pure folie! A cette époque, il était inconcevable que les femmes puissent se rendre à leur réveillon sans être passées chez leur coiffeur.
Entre accueil et café, serviettes, shampoings, coups de balai, petits papiers à permanente, en passant par pré-séchage et mises en plis, les clientes s’en allaient le cœur léger, partant avec des chocolats.
En commençant à neuf heures du matin, c’est à dix heures du soir que je terminais ma journée, elle fut plus que remplie !

J’avais enfin mis un pied dans ce qui serait ma future vie.

A 22h30 j’étais à table pour réveillonner en présence de toute ma famille. A peine le temps de prendre une douche, je fus contraint de soigner mes brûlures aux cuisses dus aux frottements de mon beau pantalon neuf. Impatient de raconter ma journée extraordinaire, je le fis tout en mangeant mon foie gras et bien avant minuit, exténué, je me suis endormi.
C'est la seule fois de ma vie où je n’ai pas passé l’intégralité du réveillon avec ma famille. Mais j’étais l’adolescent le plus heureux du monde ! J’avais enfin mis un pied dans ce qui serait ma future vie. »