Rencontre avec Claude Marcel, Ambassadeur de l’élégance française en plein coeur de Washington

Pour se lancer dans une carrière à l’International et notamment aux Etats-Unis quels conseils prescrivez-vous?

Je conseille de bien s’informer sur les obligations contractuelles du pays. Par exemple, aux Etats-Unis il est obligatoire d’avoir une Licence américaine de coiffure, valide uniquement dans l’Etat où elle a été passée, et à renouveler chaque année. Vous ne pouvez pas exercer sans visa de travail, il faut aussi passer un permis de conduire, je conseille également de prendre des cours de langue avant le départ. Lorsque je suis arrivé aux USA, j’ai dû repasser des examens de coiffure pratique, oral et écrit ainsi que mon permis.
Egalement, les étrangers qui vivent aux Etats-Unis doivent construire un crédit historique pour louer un appartement, signer un contrat de téléphone, avec la compagnie d’électricité ou acheter une voiture, etc… Sans crédit historique on ne vous donnera pas la permission de faire ces démarches.

Quelle est la différence entre un salon américain et parisien?

Dans un salon aux Etats-Unis, les coiffeurs ne travaillent pas sous contrat, ils sont libres de partir du jour au lendemain sans avertissement. Inversement, on peut renvoyer un employé sans avertissement également. Cette profession n’a pas de réglementation, la seule obligation du coiffeur est d’avoir une licence conforme à l’Etat où l’on travaille.

Le salaire d’un coiffeur est généralement basé sur un minimum de $9.00 ou $10.00 par heure. L’employeur est obligé d’accorder deux semaines de vacances par année à ses employés. Les vacances ne sont pas payées dans tous les Etats. Un coiffeur aux Etats-Unis reçoit un pourboire d’environ 20% du le chiffre d’affaires en cash. Il est responsable de le déclarer. Un salon bien géré aux USA reçoit un profit net de 7% du chiffre d’affaires total (vente de produits inclus).

Une formation aux côtés de Bruno Pittini, c’est comment?

Bruno Pittini a toujours été une icône pour moi et une source d’inspiration durant ma carrière, encore aujourd’hui je me réfère à ce qu’il m’a appris lorsque je crée mes collections. J’ai eu la chance de suivre sa carrière et d’apprendre tous ses “secrets” de créateur International.
On peut le remercier d’avoir influencé la mode et initier le changement dans les années 80. Etre capable de percevoir la coiffure ou la couleur qui va mettre une femme ou un homme en valeur, et de souligner ses traits de caractère naturels est un talent très rare. La réussite d’une coupe ce n’est pas seulement une question de perfection au millimètre mais c’est aussi être capable de guider la cliente et lui trouver la longueur parfaite, une couleur et un style qui évolue à travers les années. 

Comment se déroule une coupe chez Claude Marcel?

Lorsqu’une cliente entre chez Claude Marcel, elle reçoit une consultation complète, similaire à celle que l’on reçoit chez son docteur. La cliente remplit d’abord un questionnaire dirigé sur la façon dont elle entretient ses cheveux à la maison, les produits qu’elle utilise et la raison de sa visite. Nous sommes là avant tout pour l’écouter. Après la consultation on observe avec un peu de distance, la longueur de ses cheveux, sa taille, la forme de son corps et la façon dont elle s’habille. A ce moment, on lui montre plusieurs possibilités à l’aide de pinces à cheveux, afin qu’elle se rende compte par elle-même de l’intérêt d’une telle coupe.

Ensuite on lui offre un thé de chez AVEDA suivi d’un rituel qui consiste à lui masser les épaules, la nuque et le cuir chevelu avec une huile essentielle AVEDA. Maintenant que la cliente est relaxée, elle passe au shampooing. Avec le stress de la vie quotidienne, il est important de commencer son travail dans le calme. J’ai choisi d’utiliser la marque AVEDA parce qu’aujourd’hui les produits organiques sont très performants et le retour au naturel est très populaire chez les “Millennials” ici aux Etats-Unis. Quand la coupe et le brushing sont finis c’est le moment de montrer à la cliente comment reproduire le coiffage à la maison et lui donner la date de son prochain rendez-vous.

Votre journée type?

Le matin, je commence mon travail à 10h00, j’ouvre mon ordinateur et j’analyse le chiffre d’affaire du salon du jour précédent avec l’année d’avant. Je suis très orienté sur les chiffres de mon business et celui de mes coiffeurs. Je passe quinze minutes d’entretien chaque semaine avec chacun de mes collaborateurs, afin de les guider sur le succès de leur carrière.

Durant la journée, je supervise la formation de mes apprentis, assistants et je m’occupe de ma clientèle. Nos apprentis et assistants sont là pour épauler les coiffeurs plus avancés et sont ensuite promus coiffeurs à leur tour. Nous sommes très exigeants sur le choix de nos futurs coiffeurs. Certains jours de la semaine, je voyage pour former d’autres coiffeurs pour AVEDA notamment à Minneapolis pour aider au développement des produits de coiffage de la maison. Je suis également responsable d’apporter mon expérience pour développer des produits à destination de la France. 

Les dernières tendances en matière de coiffure?

Les couleurs sont contrastées, on voit des platines avec des ombres de couleurs déposées sur la frange ou en transparence, par exemple avec du jaune ou du bleu-violet. On voit aussi des bruns foncés avec des ombres orange. Cette saison AVEDA a créé la couleur Ecliptique, basée sur le principe d’une éclipse.
Chez Claude Marcel les cheveux se portent très courts et les lignes sont très géométriques. On coupe les cheveux avec une précision extrême.
On est en plein changement de mode, c’est un mélange d’inspiration entre le film “Star Trek” la mode Courrèges des 80’s et le mouvement “Spornosexuel”. Nous créons deux collections Claude Marcel chaque année, une pour chaque saison: Printemps/Été et Automne/Hiver. Le style Claude Marcel est créé sur mesure pour chaque individu en utilisant les tendances du monde entier.

D’après votre expérience,  quelles sont les qualités requises pour travailler sur des évènements de prestige, tels que  le Festival de Cannes ou les défilés haute-couture?

Il faut être rapide et capable de changer une coiffure entre deux ou trois passages, devant les caméras si nécessaire. Un coiffeur qui va sur le Festival de Cannes ou travaille pour la haute-couture doit être en mesure de réaliser des chignons, des coiffures du soir et de travailler les cheveux pour différents looks que l’on réalise moins en salon.

Que vous apporte votre certification make up en photographie dans votre travail?

Cette certification me donne l’oeil pour regarder une personne autrement. Je ne m’arrête pas sur ses cheveux lorsque je la regarde, je vois cette personne comme un ensemble, par exemple je vois le teint de sa peau, les accessoires qu’elle utilise, les bijoux qu’elle porte, sa façon de s’habiller, de se coiffer etc… Je peux ainsi décider des options qui vont compléter ou changer son look. Cela peut être simplement un changement de longueur, de mouvement, de couleur, ou un détail à rectifier dans sa coiffure.

Votre idole de la coiffure?

Bruno Pittini bien-sûr.

Votre routine réveil?

La première chose que je fais le matin c’est de me préparer un petit déjeuner avec du lard, des oeufs, des fruits rouges et un bon café Français !