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Samuel Rocher : Le cœur et le talent au bout des ciseaux !
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Sara Svati
Livecoiffure : Racontez-nous comment vous vous êtes lancés dans la coiffure puis comment vous avez construit votre carrière autour de grands Messieurs comme Alexandre de Paris, Jacques Dessange, ou encore Bruno Pittini ?
Samuel Rocher : Tout a commencé alors que j’étais à San Francisco, j’avais les cheveux longs, le nez rouge, je ne me sentais pas super bien dans ma peau. Et je ne sais pas ce qui m’a pris, je suis rentré chez Vidal Sassoon et je suis ressorti métamorphosé !
Je me regardais enfin dans le miroir, je me trouvais bien, ça été le déclic ! Je me suis dit que ce serait ça mon métier. Pouvoir faire dire à mes clients lorsqu’ils sortent du salon « Je suis bien ! » C’était un rêve de rentrer chez Bruno, Alexandre ainsi qu’à l’école Dessange. J’ai été le plus jeune assistant de Bruno Pittini, j’avais 18 ans à l’époque.
A 22 ans en cours à l’école Dessange, mes formateurs me disaient « Nous avons quand même pas mal de choses à t’apprendre ». J’adorais le salon, l’équipe, nous travaillions comme des dingues, je gagnais bien ma vie en tant qu’assistant, je voulais être coiffeur car je m’en sentais capable.
Ces professionnels m’ont apporté la rigueur, le travail, le respect des autres. Ce sont de grands Messieurs d’une très grande simplicité, des gens forts, passionnés. Ils ont une exigence pour les autres mais surtout envers eux-mêmes. Il ne faut jamais oublier que le coiffeur est au service du client et pas le contraire. Ce ne sont pas des vedettes imbues d’elles –mêmes, mais des personnes très accessibles. Ils m’ont appris chacun à leur manière la passion, la simplicité, la justesse.
Avec Jacques Dessange j’ai appris les bases du brushing, le balayage, les chignons, il était toujours plein d’idées novatrices. Pittini coiffait beaucoup de stars importantes à New York à l’époque, et j’ai adoré les collections avec Alexandre De Paris. J’ai vraiment été chanceux de connaître ces gens-là jeune et de pouvoir apprendre des choses différentes.Livecoiffure : Après des années d'expérience, comment définiriez-vous vos créations coiffure?
Samuel Rocher : Vous savez j’ai 45 ans, il est difficile de savoir quelle est ma spécialité. J’ai énormément voyagé - Etats-Unis, Moyen Orient, Portugal- je me suis inspiré de tout ce que j’ai vu, j’ai été directeur de collection pour couture et j’ai eu de la chance d’avoir eu une formation complète… Aujourd’hui je me qualifierai tout simplement de coiffeur au service de ses clients.
Je pense que je me différencie au niveau de la qualité de mon service. J’écoute la cliente, j’aime la regarder, comprendre comment elle se voit elle-même, je lui fais alors des propositions de coupes et couleurs. Je ne vais pas me contenter de travailler sur un visage ou des cheveux, je me concentre aussi sur l’harmonie entre un corps et un visage.
Le plus important c’est observer la personne et la mettre en valeur. Qu’il soit question d’hommes ou de femmes, le but c’est de réussir à faire sortir autant les bons côtés du visage que la personnalité. Nous avons une partie du salon dédiée au conseil où nous nous déplaçons vers les clients.
Nous les laissons parler puis nous leur proposons des choses en fonction de leurs goûts. Au final c’est toujours la cliente qui choisit. Nous sommes là pour la guider, l’orienter, lui conseiller de bons produits. L’évolution de notre métier aujourd’hui, c’est donner aux clientes le maximum d’attention ! La spécialité de mes deux salons c’est donc se baser sur le service et le haut de gamme, c’est une façon de considérer ces personnes.Livecoiffure : Vous vous êtes dirigé au Portugal pour ouvrir un salon et créer votre propre marque, pourquoi avoir choisi ce pays ?
Samuel Rocher : Ce fut le fruit du hasard. Je suis tombé amoureux de Lisbonne à 34 ans, je suis parti comme ça sur un coup de tête. J’ai franchisé un Dessange mais ça n’a pas marché, j’ai alors décidé de créer ma propre marque il y a sept ans - Samuel Rocher – Paris – pour me lancer un nouveau défi.
Aujourd’hui le salon marche très bien, je vais au Portugal en moyenne toutes les huit semaines pour travailler deux jours en salon. Les clients sont contents de ce qu’ils y trouvent et reviennent, j’ai une très belle clientèle et une très bonne équipe, je suis ravi ! J’ai également coiffé des personnalités lors de cérémonies équivalentes aux Césars. Je me suis éclaté, j’ai eu un réel coup de foudre pour la ville, pour les gens, j’avais envie de changer de vie, de voir autre chose.Livecoiffure : Vous êtes parti aux États-Unis plusieurs fois, quelle différence observez-vous entre le marché américain et européen?
Samuel Rocher : Los Angeles, Miami, New York sont les villes où j’ai le plus travaillé ! Celles aussi où je suis allé le plus en vacances ! [rires] Honnêtement aux Etats-Unis les coiffeurs ne sont pas très bons, disons qu’ils n’ont rien de particulier et le service est assez déplorable. Les coiffeurs européens ont généralement une meilleure formation, les Français et les Italiens sont les plus réputés dans le milieu. En revanche, le Français se prend des fois pour la Tour Eiffel ! Il ne faut pas oublier quand on arrive dans leur pays, que nous sommes les étrangers, qu’ils ont leur culture et qu’on se doit de respecter ça. Nous devons comprendre les clients, c’est majeur. Les Etats-Unis m’ont permis de développer mon marché à Paris car je me suis inspiré des tendances, il y a beaucoup d’innovation, de neuf, c’est aussi moins conventionnel.
J’ai rencontré beaucoup de personnes dans l’hôtellerie de luxe qui m’ont fait comprendre que les Américains ne faisaient pas dans la dentelle et souhaitaient du résultat ! De l’exigence et de la perfection. Les Etats-Unis m’ont poussé à aller au-delà de mes limites et à créer encore plus. J’ai pu utiliser beaucoup de concepts venant de chez eux dans mon salon Parisien.Samuel Rocher Paris - Photo Pedro Pacheco
Livecoiffure : Vous avez votre salon Samuel Rocher – Paris, pouvez-vous nous en parler?
Samuel Rocher : Dans mon salon en France, j’ai voulu apporter autre chose de différent dans le service, la façon de parler, de s’adresser aux personnes. Je souhaite et j’ai, une clientèle d’excellence ! Je me dois réellement d’avoir un contact un peu plus raffiné. Les salons de coiffure se sont un peu démocratisés et elle est bien lointaine l’époque des anciens coiffeurs où le monde entier se déplaçait pour se faire coiffer à Paris! Mes clients veulent un service particulier mais qui coûte relativement cher, il est adressé aux hommes et femmes actifs, la moyenne d’âge variant entre 30 et 65 ans. Je trouve tout de même qu’il y a beaucoup de jeunes femmes pour un grand salon ! Nous avons ciblé une clientèle et nous l’avons gagnée. C’est intéressant d’avoir de « tout »dans un salon : Des jeunes, des plus âgés... Je me considère comme un coiffeur de famille et m’occupe de toutes les générations : grands-parents, parents, enfants etc… C’est intéressant, et enrichissant !
Bien souvent on me parle de mes tarifs élevés, mais ils ne le sont pas trop tout de même car je veux fidéliser mes clients. J’ai autant une secrétaire qui viendra pour une coupe/couleur tous les trois mois qu’une milliardaire venant pour un « one shot » - cliente qui ne viendra qu’une fois et pourra se permettre de dépenser une énorme somme d’argent-. Je reste toujours le même, je sais être à ma place, en continuant toujours d’être très simple.
Pour la petite anecdote, j’avais une de mes clientes, une femme de plus de 80 ans qui venait des Etats-Unis. Elle m’a souvent amené de nouvelles clientes en offrant à ses amies des « gift certificates » -bons cadeaux- pour des coupes. C’est très gratifiant car non seulement elle était contente de mon travail mais elle me faisait confiance au point de parler de moi à ses proches. La meilleure clientèle c’est celle qu’on vous envoie.Livecoiffure : Quels sont vos futurs projets pour l’année à venir?
Samuel Rocher : 2014 s’est bien terminé, 2015 commence pas mal du tout, beaucoup de personnes sont intéressées pour ouvrir des salons- les émirats, l’Asie- je ne voudrais pas franchiser pour le moment, je souhaite un suivi de qualité dans chaque salon.
Je me concentre sur mes salons et notamment celui de Lisbonne où nous allons faire des travaux et de la décoration pour le mettre au goût du jour. Nous avons prévu de participer au salon de la coiffure à Aix –en-Provence et de faire un show mi-juin à Lima, au Pérou. Cela dure cinq jours et c’est le plus grand événement coiffure de l’Amérique latine ! Le but étant de faire connaître notre savoir- faire, l’effort et le travail que nous donnons, en espérant offrir aux clients ce qu’ils désirent et qu’ils souhaitent revenir chez nous ! C’est le plus grand plaisir que j’en retire !www.samuelrocher.com
SAMUEL ROCHER Paris - 24/28 avenue d’Iéna 75016 Paris
SAMUEL ROCHER - ATELIER DE COIFFURE
Atelier do Chiado : Largo do Chiado n°15 1, 1200 - 108 Lisboa
Samuel Rocher Paris - Photo Pedro Pacheco chignon Davines centre de formation -
Création Samuel Rocher
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